Moralisation du capitalisme
Pour
celles et ceux qui croyaient nos politiciens et autres leaders du monde libre
malhonnêtes et bien les voilà bien attrapés. La crise que l'on vit depuis près
de huit mois - enfin quand je dis on, je parle pour les autres, nous sommes
quelques uns à ne pas avoir attendu son annonce officielle pour la sentir la crise
- aura au moins la qualité de rendre les décideurs de tous poils honnêtes.
Je
m'explique, nous étions, il y a peu de temps encore, dans un capitalisme
naturel. Cette idée d'accumulation de la richesse et de compétition
internationale n'en était pas une, il ne s'agissait pas d'une théorie
économique mais bel et bien du cours normal de la vie humaine; le darwinisme
économique, comme le darwinisme biologique, était de l'ordre de l'évolution
naturelle de l'Homme. Et qu'apprend-t-on ces derniers temps? Que le capitalisme
version néo. n'a rien à voir avec de la science (même molle) mais se trouve bel
et bien du côté de la religion. Ce n'est pas moi qui le dit, ce n'est même pas une
analyse gauchiste qui profiterait de la crise - passagère nous dit-on - et des
plans de relance imbéciles et coûteux avec lesquels on la soigne pour faire la
maligne, mais ce sont les défenseurs du capitalisme qui le disent!
En
effet, il faut refondre le capitalisme sermonnent-ils, et comment fait-on ça?
En le moralisant! Or s'il s'agissait d'une crise économique, ce n'est pas à la
morale que l'on ferait appel mais à des outils permettant de modifier les
relations de production, l'économie étant, grosso modo et si je ne trompe pas,
une science permettant l'analyse des relations de production qu'entretiennent
les hommes entre eux et avec les ressources naturelles. Pourtant les
médicaments que l'on nous prescrit sont à base d'argent - soit dit en passant
injecter de l'argent dans le système sans l'avoir changer c'est comme
d'injecter du sang à un hémophile sans avoir préalablement cautérisé la plaie,
ça ne l'empêchera pas de mourir dans d’atroces souffrances- et de morale. La
morale, c'est à dire la normalisation du bien et du mal, n'est pas du domaine
de la science mais de la religion ou, si vous préférez, de la croyance. Le
capitalisme est donc une croyance permettant de justifier et de prescrire les
(bons) rapports humains et non une théorie permettant d'analyser et de
prescrire les (vraies) relations de production.
Nous
voilà rassurés : ce n’est pas un système qui est en cause, mais le manque
de scrupule des détenteurs de capitaux. Voilà qui fera plaisir aux chantres de
la lutte des classes et de la révolution violente : ils ont raisons, les (certains ?)
riches se servent de nous! A moins qu’ils ne soient que les victimes de diables
et de démons qu’il suffirait de soumettre à un bon exorcisme.